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embarrassé pour vous donner la mesure de cet homme qui fut un colosse, et qu’on dirait présentement atteint d’un rachitisme mystérieux. On croira que j’exagère tout le temps qu’on n’aura pas lu le volume entier de ces Silves, dont je ne puis pas, en un chapitre, faire les extraits que je voudrais… Mais qu’on le lise, et on verra ! On verra si, à l’exception de la pièce intitulée la Tentation, qui, du reste, avait paru dans une des premières éditions des ïambes, et qui, antérieure aux ïambes, promettaitdéjà les vers magnifiques daPianto :

Dors, oh ! dors, Orcagna ! dans ta couche de pièce, etc. il y a une seule pièce — je dis une seule pièce de ce navrant recueil — qui ne soit un chef-d’œuvre de maladresse, de main enflée, de poésie spatulée et gourde. Tous les vers, tous, sans exception, de ce poète qui fut Auguste Barbier, y sont jetés dans le moule à chandelle que voici… et c’est vraiment curieux, venant de l’auteur de VIdolel

Oui, je le crois, l’amour,

L’amour vrai ne sera jamais l’amour d’un jour.

Mais, 6 Lycas, heureux celui qui de jeunesse

A placé dignement les feux de sa tendresse.

Et trouvé par le monde un cœur égal au sien

Pour avec Lui former un éternel lien !

Et dans une autre pièce :

Heureux 103 tendres cœurs dont aucun mur Fâcheux

N’arrête le3 soupirs et N’entrave les feux !

Car en ce brillant monde a Quoi Box (sic) Est la vie,

Si l’amour n’y peut point contenter son envie ?