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Pianto fut ce chant du cygne mourant qui doit emporter la voix et le cy gne ; puisque après le Pianto son génie devait disparaître d’un coup, brusquement, presque avec effraction, absolument de la même manière qu’il s’était produit. Inexplicable et singulière destinée ! à laquelle on peut appliquer les mystérieuses paroles du Prophète : « Dites-moi d’où il était venu et je vous dirai où il est allé ! »

III

Oui ! c’est là, il faut en convenir, une exceptionnelle destinée. Il y a des talents qui s’élèvent et qui tombent, mais qui mettent du temps et des efforts à s’élever et à tomber ; qui, en raison de la force qui les éleva, se retiennent dans leur chute et planent encore à différentes hauteurs, avant de définitivement sombrer. Puisque j’ai parlé de Corneille, quel exemple ne nous a-t-il pas donné, celui-là, de cette remontée d’aigle lassé, mais insatiable d’azur, vers ce ciel d’où il tombe, mais qu’il reprend par places avant de tomber tout à fait. AugusteBarbier, tout vigoureux qu’il soit, n’avait pas cette vaillance. Après le Pianto, on vit encore briller dans Lazare quelques vers, dernières