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humble et très obéissante servante. Alfred de Musset (1), Victor Hugo, Lamartine et Auguste Barbier, sont, de fait, en possession, tous les quatre encore, de cette gloire acquise qu’on ne perd pas en France une fois qu’on l’a et quand même on ferait tout ce qu’il faut pour la perdre, les moutons de Panurge ne revenant jamais de la route qu’ils ont une fois enfilée !

Il est vrai que cette gloire, qui, vu l’esprit de l’époque, tendrait un peu à devenir momie, Hugo et Lamartine, pour la raviver et pour la rajeunir, l’ont plongée, comme le vieil Éson, dans la cuve bouillante de la politique, tandis qu’Auguste Barbier, qui est sorti de cette cuve-là comme le bronze de la fournaise, n’y est pas rentré, et s’est — comme les morts — froidi à l’écart.

II

C’est par la politique, en effet, qu’Auguste Barbier a donné sur le tympan du siècle ce coup, inouï d’éclatante sonorité, qui, après plus de cinquante ans, vibre encore… Avec autant de génie qu’il en montra alors, — car, je ne ménage pas les termes, l’auteur des ïambes, dès son début, apparut complet comme un homme de

1. Dont je parlerai dans mon prochain volume des Poètes.