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qui était pourtant démocrate, sur Louis-Philippe, le duc d’Orléans, Guizot, Thiers, madame Sand, Béranger, lesquels sont tous, sous sa plume inventive, des créations d’une grande beauté. Mais beauté terrible, qui soufflettera autant celui qui Ta faite que ceux pour qui elle aura été faite, cette beauté menteuse ! Quand on verra ces fausses grandeurs et toutes ces faiblesses, qu’on prit pour des forces à la lueur des paroles de Heine, ce sera un effet de renverse, et l’on jugera mieux Gombien ces gens-là sont petits.

Sans cette tache, je n’aurais qu’à louer dans les œuvres de Henri Heine, mais cette tache y restera. Seulement, en la voyant, on se dira que Henri Heine n’était, après tout, ni un historien, ni un critique, ni un jugeur d’hommes, et comme le poète est encore au fond de sa faute, il sera bien vite pardonné !

V

C’est que le poète, je l’ai dit, est la grande affaire, la grande réalité dont on doive se préoccuper quand il s’agit de Henri Heine, tellement poète qu’il emporte tout dans le tourbillon de sa création ou de son expression poétique. Je n’hésite point à l’affirmer, Henri