jamais plus. Qualité plus étonnante que les autres, que cette faculté philosophique se retournant contre la philosophie, en cette ironique tête de poète ! Poète, il ne m’étonne jamais qu’il le soit. Il l’est toujours. Il l’est dans le rythme et il l’est hors du rythme. Il l’est partout, même dans les idées les plus erronées, qu’il a parfois, cet homme du temps ! Il l’était autant en prose qu’en vers. Il l’était (je l’ai vu une fois) et il devait l’être en parlant d’un morceau de fromage, comme disait le prince de Ligne de ce goujat de Rousseau, plus difficile à poétiser, certes ! qu’un morceau de fromage, et que le prince de Ligne (les princes ont toujours aimé les laquais), en disant cela, poétisait. Qu’il grandisse ou qu’il rapetisse les hommes et les choses, qu’il se trompe ou qu’il ait raison, Heine est poète comme on respire ; il est poète, et poète idéal… Je l’aime, mais je sais le juger. On juge sa maîtresse ; on juge son bourreau. — Et c’est même souvent la même chose !
Henri Heine, cet intuitif dans l’ordre des idées, qui en voit le néant et qui, de sa flèche railleuse, en traverse le vide ; ce divinateur de l’âme par le sentiment ; Henri Heine, ce prodige d’adorable esprit, a été aussi bête que Goethe (toujours Jupiter : la bêtise dans l’immensité ! ) quand il s’est agi de juger la France et les valeurs françaises. Il faut payer son droit à la frontière ! Rien de curieux en engouement, en niaiserie et en badauderie. comme les jugements de ce Heine,