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ne sont pas le soleil… Littérairement, et à ne voir son Pape que comme une œuvre de l’esprit pure du déshonneur du pamphlet, on se demande ce que c’est et comment on pourrait classer cette composition, qui n’est un poème que parce qu’elle est en vers, et qui est dialoguée comme un drame, sans être un drame. Cela mérite-t-il de s’appeler une œuvre.cet almanach poétique de cent vingt-neuf pages, sans compter les blancs ?… Quand on se permet d’être si court, il faut, il faudrait être bien plein. Quand on ne pousse qu’un cri, il doit être sublime. De quel nom ces petites choses-là, quand on les publie isolées, peuventelles se nommer en littérature ?… Victor Hugo a tiré du fond de sa cervelle cette création qui n’avait pas besoin de la force de quarante chevaux pour en sortir et dont il est aisé de rendre compte en quatre mots, et les voici : Le Pape dort :

La pensée a grandi, car le rêve est venu !

Il n’y a que Hugo, par parenthèse, pour dire de ces choses, ineffables à d’autres qu’à lui. Les fous les plus intrépides n’oseraient pas… Le Pape dort, et il se rêve le Pape comme Hugo entend qu’on soit Pape, (ce qui le change diablement). Pendant son rêve, et c’est là tout son rêve, il fait quelques conversations avec plusieurs personnes : avec le Patriarche de Constantinople ; avec les Rois — (quels Rois ? n’importe ! les