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tendre jeunesse, a eu — vous le savez ! — pour l’échafaud la tendre horreur de Robespierre. Il s’est dit un matin, l’aimable homme : « Quel coup de partie, sir sans que nous y touchions, elle pouvait nous débarrasser d’elle ! » Et aussitôt, pour lui en donner l’envie, il nous a inventé un Pape adorable, qui en a assez de sa tiare et qui se suicide. Et qui ne se frappe pas seulement, comme vous pourriez le croire, dans son pouvoir temporel, — idée commune, — mais dans son pouvoir spirituel, — idée plus rare ; un délicieux Pape, qui n’abdique pas seulement comme roi, ce double lâche ! mais qui s’apostasie comme pontife. Vous le voyez, Victor Hugo nous met fort à l’aise quand il s’agit de le juger ! Son livre ne nous force pas à discuter la question du pouvoir temporel, qui est l’ébrèchement, sacrilège pour les uns, légitime pour les autres, de la Papauté. Hugo va plus loin que toutes les politiques anciennesetmodirnes.Iln’ébrèchepoint le Pape ; il le supprime : c’est plus court ! II le fait s’escamoter lui-même dans une espèce de charité dévergondée et impossible.Un Pape s’arrachantau Vatican, foulant aux pieds ses deux cononnes, pauvre de plus avec les pauvres, comme si, Pape, il ne pouvait pas plus pour eux que s’il étaitl’un d’eux, aucune politique n’avait osé encore une conclusion de ce radicalisme absolu. Aux plus mauvais jours denotre Histoire, sous le sordide et abominable Philippe le Bel, on vit, aux États Généraux de France, Pierre Dubois, un des conseillers