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faut donc persuader au Pape comme aux peuples, que cette grande exécution que la Papauté ferait d’ellemême, et qu’on lui conseille, tournerait à son plus éclatant avantage :

… Dites-lui que je vien

De la part de Monsieur Tartuffe, pour son bien !

Il faut, enfin, convaincre le Pape et tout le monde qu’en le détruisant, lui, le Pape, c’est un moyen étrange mais certain de faire repousser ce jet superbe de vie à la Papauté qui se meurt ! Et c’est à ce fallacieux résultat que Victor Hugo, dans cette affaire l’huissier Loyal de Monsieur Tartuffe, a consacré l’effort de son poème. Jamais rien de plus doux, de plus miséricordieux, de plus généreux, et, diront peut-être beaucoup de pauvres chrétiens, — imbécilles quoique chrétiens (cela se voit), — de plus chrétien ne fut écrit… On se fond, vraiment, en lisant cela ! Victor Hugo y a bien compté. Il n’est pas besoin d’être un observateur, ou un penseur, ou un esprit politique de premier ordre, pour savoir qu’en France il y a une sentimentalité niaise dans laquelle flotte la majorité des esprits comme dans leur atmosphère naturelle. C’est l’air de ce pays bénévole, qui, sans cela, serait trop spirituel ! Beaumarchais a menti : nous ne nous tempérons pas par des chansons, mais par des romances. C’en est une, que le Pape de Hugo. Quand il a repris, dans son poème, la vieille idée de tous les ennemis de l’Église,