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VIII

Il ne le voulut pas, et il revint une fois encore aux idées mortelles à son génie dans ce livre du Pape, qui, selon moi, était son dernier livre. Il ne fit pas beaucoup de bruit. Quelques journaux séides en parlèrent, selon leur devoir et leur consigne, et aussi quelques petits jeunes gens qui voulaient être reçus chez le Grand Homme du siècle ; car, pour les très fiers républicains de l’heure présente, aller chez Hugo c’était comme monter dans les voitures du Roi. Mais, à cela près, peu d’intérêt et beaucoup de silence, —le silence du respect, du respect pour les opinions qu’on avait autrefois.

Rappelez-vous les Misérables et leur tonnerre ! les Misérables, tisonnés, récemment, pour les faire reflamber et revivre dans un drame finalement mauvais, et dont tout le succès venait d’une petite fille qui jouait bien. Rappelez-vous ce tonnerre et comparez !… Une petite pluie rare après l’orage. Victor Hugo fut sa petite pluie à lui-même. Son Pape n’est que la même goutte d’eau connue et tombée tant de fois, essuyée et tombant toujours à la même place, avec une monotonie qui fait peu d’honneur à la fécondité de son