sépia, un peu tremblés par la main du peintre, mais qui nous pénètrent pourtant de leur touchante couleur brune, Brizeux publiera des vers ouvragés et creux, sous des titres tout à la fois ambitieux et vulgaires. Il écrira des hymnes à la Liberté, à l’Esprit, à Florence. Lui, ce garçonnet d’hier, et toujours garçonnet, quoi qu’il fasse, qui s’en allait le long des haies, écorçant son bout de sureau, se mettra comme les graveurs d’à présent, à faire des camées. Le frêle pâtre, qui n’avait qu’une haleine d’enfant à insinuer dans un chalumeau, voudra jouter avec le plus robuste poumon qui ait jamais soufflé dans un rhythme vide. Il imitera M. Victor Hugo : écoutez-le :
Pôle effrayant de la pensée,
Qui pourrait, sans vertige, atteindre à ta hauteur ?
L’âme humaine, aisément lassée,
Fuit tes sommets de glace et l’ardent équateur !
V
Ce qu’il faut fuir, c’est une pareille poésie. Brizeux, tué par elle, n’était pas si bien mort qu’il n’eût conscience parfois des dévorants amphigouris dont il était victime. Il a voulu expliquer, dans une préface, l’idée que n’expriment pas ces divers morceaux, réunis sous ce titre, qui n’est intelligible que s’il est menteur : « La Fleur d’or ». La Fleur d’or signifie, le croira-t-on jamais ? un voyage des bourgs de Bretagne aux villes d’Italie ; « double voyage idéal et réel », dit