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quelquefois magnifiquement un talent poétique, fait essentiellement pour le vers, ce despote heureux de sa pensée ; puis, dans un effort suprême, lui, le poète de l’effort, il s’est ramassé en un volume, d’une condensation souveraine, qui résume son genre de talent avec une incroyable énergie, mais qui n’en est pas peut-être l’expression dernière et l’infranchissable limite. Qui sait ? Du buste ou du camée dont il est fou :

Tout passe, — l’art robuste

Seul a l’éternité !

Le buste

Survit à la cité,

du buste ou du camée, dans lesquels ce grand condensateur résorbe violemment un génie fait pour les plus robustes et les plus vastes dilatations, M. Théophile Gautier va peut-être se répandre un jour en œuvres plus aérées et plus larges, et la raison de ce doute, semblable à un espoir, le croira-t-on ? c’est dans ce livre d’Émaux et Camées que nous allons la trouver !

II

Ce livre, en effet, est la marque vivante de ce progrès que je signalais tout à l’heure dans le talent poétique de M. Gautier. Ce progrès, évident à toute Critique attentive et profonde, ne consiste pas seulement dans cette ciselure de l’expression qui frappe facilement