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Mais ce que le poète de Volberg avait surtout, et à un degré suprême, c’était le don de simplicité. Dans ce poème dont il est facile de constater la faiblesse d’invention et de drame, et où l’homme seulement se promet, il y a un chant intitulé « L’Église », entièrement lyrique de mouvement et de rhythme, et dont la simplicité est divine. Cette simplicité que le poète a trouvée dans une grande délicatesse d’organisation et plus encore dans le sentiment chrétien qui est le fond de sa vie vraie et non pas uniquement de sa vie littéraire, cette simplicité communique à sa poésie quelque chose de la pénétrante grandeur des hymnes de la liturgie qu’il rappelle et le fait arriver à des effets où l’art disparaît plus profondément que dans les chœurs même de Racine. C’est un chœur aussi que ce chant, avec ses appels, ses répons, ses rentrées, ses péripéties, toute cette chaîne mêlée et dévidée avec l’impétuosité de l’enthousiasme ou les grâces rêveuses de la mélancolie. Il est trop long pour que nous puissions le citer dans la variété de toutes ses modulations, mais dites si depuis les roucoulements des chœurs d’Esther ou d’Athalie vous avez vu des strophes de cette transparence tomber, avec ce mouvement de vapeur, dans un air léger :

Une Vierge de Galilée

Du nom de Marie appelée

En ses deux lianes vous portera,

Et dans une étable naîtra

Le roi de la sphère étoilée ! Et quel nom aura-t-il, Seigneur,

Votre enfant, l’enfant de Marie ?