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être encore sympathique à un temps qui, demain, ne voudra même plus de cette poésie qu’on a descendue jusqu’à lui. Mais probablement il la dédaigne. M. Pécontal, doué d’une inspiration qui n’a pas voulu ou qui n’a pas pu descendre, doit sentir amèrement que le fond des âmes et l’écho des cœurs vont lui manquer !

Triste destinée, mais touchante ! Un poète qui n’a pas abaissé sa poésie, — qui la tient haut et au niveau de ses croyances spirituelles et religieuses, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus grand dans sa vie, est, après tout, un noble spectable. Que si la tristesse est aussi pour lui, elle est encore plus pour l’époque qui ne l’entend plus ou qui l’entend avec indifférence. Promettre à ce poète que l’avenir le vengera un jour de son temps, ce serait prendre sur soi d’affirmer que la Poésie n’est pas perdue. Pour notre compte, nous ne l’oserions pas. Seulement notre critique, à nous, n’aurait-elle que deux minutes à vivre, elle ferait, pendant ces deux minutes, sa pauvre justice éphémère et rendrait hommage à un homme de talent méconnu, parce que dans le débordement de paganisme et de matérialisme universel, il est resté purement et incorruptiblement un spiritualiste et un chrétien.

II

Tel est le premier mérite et la première infortune de M. Siméon Pécontal. C’est un poète de grande inspiration chrétienne. Dès 1838, il publiait un poème