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de la Comédie, c’est la gaieté d’un vrai visage, aux lèvres vivantes ! Le rire de M. Bouilhet pourrait devenir aussi large que son mètre. Quand il rit, ce n’est plus un écho, et ce serait lui qui trouverait l’écho, s’il riait souvent, ce que je lui conseille… Cela ne veut pas dire, — qu’il me comprenne bien, — que l’auteur de Festons et Astragales doit renoncer à la poésie lyrique et se vouer exclusivement à la comédie.

La comédie fait rire d’un rire qui n’est pas celui de la gaieté. Le plus gai des poètes comiques, Regnard, n’est pas populaire, et ses pièces les plus gaies ne se jouent même plus. On lui préfère ce grand génie sombre qui s’appelle Molière ou ce valet qui se moque de ses maîtres et que l’on appelle Beaumarchais ! Non, la gaieté de M. Bouilhet doit rester lyrique. Elle fera des chansons ou des odes : que nous importent ces intitulés qui sentent leur rhétorique ! mais elle fera des choses gaies dans le genre, par exemple, de cette pièce excellente à M. Clogenson, trop longue pour que nous puissions la citer, mais où l’imagination a de ces grâces d’enfant qui joue. M. Clogenson est un juge de soixante-dix ans, mis à la retraite, et qui s’est retiré dans la poésie pastorale.

Les dieux velus, les dieux malins,

Aux forets ont chanté victoire,

Voyant par-dessus tes moulins

Voler la toque du prétoire !

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L’un du gros code s’est muni ;

L’autre est l’huissier qui dit : Silence !

Et les oiseaux ont fait leur nid

Aux deux plateaux de la balance !

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