Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

circule et le fini de la langue dans laquelle cet infini se renferme sans se limiter, mais ici, cette lutte, qui est le caractère glorieux et infirme de toute poésie, a lieu sur un bien plus petit espace, ce qui augmente le danger et constitue un bien plus difficile idéal.

Aujourd’hui l’auteur de ces Sonnets humouristiques, M. Joséphin Soulary, a-t-il atteint ce très-difficile idéal ? … Dans la lutte en question, ce nouveau poète, qui a choisi le Sonnet pour expression unique de sa pensée et qui en dehors du Sonnet n’existerait peut-être plus, a-t-il déployé une véritable force de poète ? Et la valeur de son œuvre actuelle peut-elle donner à ceux qui l’étudient de grands pressentiments sur son avenir ? … Toutes questions auxquelles la Critique a charge de répondre et auxquelles elle va répondre avec simplicité.

II

D’abord, c’est le choix du Sonnet que nous n’aimons pas et qui nous est suspect dans ce poète, car M. Soulary est un poète, malgré sa camisole de forçat volontaire, le seul genre de forçat que nous ne comprenions pas. Le Sonnet est une forme vieillie, et ce n’est rien que de vieillir, — vieillesse, dans les choses de l’intelligence, c’est souvent parfum, sagesse et profondeur, — mais c’est une forme bornée, et il nous est impossible d’avoir pour elle le respect qu’avait Despréaux. Nous ne pouvons pas davantage être