Pourtant, que de vers éclos sous leurs ailes !
Comme ils étaient vifs ! comme ils fendaient l’air !
O jeunes chansons, jeunes tourterelles
Qui rasiez les prés, qui rasiez la mer ! Libres, vous voliez de France en Espagne ;
Vous vous égreniez sur les bords du Rhin,
Et quand vous battiez ainsi la campagne
Je ne pouvais croire alors au chagrin ! Le chagrin tardif m’est venu surprendre
Comme un oiseleur sûr de ses filets…
Vous étiez trop loin pour pouvoir m’entendre
Quand au fort du deuil je vous appelais ! O vous, mes amours, mes fraîches colombes !
Aussi je n’ai plus aucun toit pour vous.
Mais je vous retrouve au bord de mes tombes…
Venez-y manger sur mes deux genoux ! Ma main qui se rouvre a pour vous des graines ;
Mon cœur, qui tressaille, a pour vous des chants ;
Pour vous j’ai des pleurs, pour vous j’ai des haines !
Suivez-moi bien loin, — bien loin des méchants ! Vous saurez ma vie ; — elle est dans ce livre,
Dans les noirs soucis qui courbent mon front.
Colombes, c’est vous que mon vol va suivre !
Couleuvres, mes fils vous reconnaîtront !
Nous ne savons pas si nous nous trompons… mais au mouvement de ces vers, à leur réchauffement, à leur battement d’ailes, au souffle de tendresse et de plainte qui y passe en notes si simples et si pressées, l’épée est brisée, la cape est brûlée et le Naturel commence, le Naturel, cette fleur tardive de nos automnes intellectuels ! On dirait Mme Desbordes-Valmore avec