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que la Critique doit couper, avec une serpette d’or, sur les chênes de son histoire. Comme le dirait M. Hugo : moins abracadabrant que M. Martin, M. Jules Simon n’a que le fond terne. Le relief lui manque, et jamais chez lui l’imagination ne nous venge par un écart, plus ou moins burlesque, des longs développements, très consciencieusement ennuyeux.

M. Jules Simon était autrefois, si je ne me trompe, le suppléant de M. Cousin avant M. Saisset. C’était un de ces suppléants qui ne peuvent inquiéter l’amour-propre de ceux qu’ils suppléent, et qui les rappellent, mais par tout ce qu’ils ne sont pas. Seulement il aurait dû venir après M. Saisset, pour l’ordre des nuances et des dégradations. Il l’aurait diminué et il aurait été lui-même. Gens de même école, de même étude, de même doctrine chétive, car une doctrine doit être une affirmation, sous peine de maigreur, — complices dans le travail d’un même dictionnaire, ces deux Ar-cadiens, — Arcades, ambo, — avaient bien des côtés fraternels. Mais M. Simon était un Saisset… effacé. Il pense à peu près les mêmes choses que M. Saisset, mais il les dit plus mollement ; il les empâte un petit. Il fait plus gras et plus pesant le beignet philosophique. Ce n’est pas lui qui aurait dit cette netteté, par exemple : « Les philosophes, voilà les seuls prêtres de l’avenir ! » II n’aurait pas osé. Il aurait donc dû venir après M. Saisset. Cet escalier d’une philosophie descendante dont les premiers degrés sont par en haut M. Royer-Collard et M. Cousin, eût été plus régulier, si M. Jules Simon fût venu après M. Saisset, et qu’il eût été de l’escalier la dernière marche. Qu’y a-t-il à descendre après M. Simon ? Vous êtes à ras de sol !