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y a l’habitude des matières traitées qui singe assez bien le talent, se recommande par l’intérêt d’une discussion menée grand train et avec aisance ; mais d’importance de sujet, elle est bien inférieure à cette seconde partie où l’esprit s’attend à trouver contre toutes les erreurs et les extravagances signalées par l’auteur dans toutes les philosophies, un boulevard doctrinal solide, et s’achoppe assez tristement contre ces infiniment petits philosophiques : — le déisme de la psychologie et ses conséquences inductives et probables, ce déisme dont Bossuet disait, avec la péremptoire autorité de sa parole, « qu’il n’est qu’un athéisme déguisé ! » Avouez que c’est là une puissante manière de fortifier aux yeux des hommes la personnalité de Dieu !

Telle est pourtant la théorie de M. Émile Saisset.

Ce n’est pas même une théorie. Ce sont des affirmations peu carrées et peu appuyées, mais rondes plutôt et glissantes, de ces inductions données cent fois par l’école cartésienne tout entière, cette école du moi qui n’a jamais su jeter de pont d’elle à Dieu, et dont l’auteur de l’Essai d’une philosophie religieuse a répété, sans les varier, les termes connus. Ce n’est ni plus ni moins qu’un petit catéchisme cartésien à l’usage des faibles qui ne veulent pas devenir forts, car la force, c’est une témérité pour les prudents, et la force serait sur cette question de Dieu de s’élever plus haut qu’une philosophie qui la pose, l’agite, mais n’a jamais pu la résoudre.

Certes, oui, M. Saisset a bien raison d’être modeste. Quand il l’est, on peut le prendre au mot. Sans originalité d’aucune sorte, triviale même dans le faux, par