Descartes, — lequel, lui, ne sut jamais sortir de lui-même, — qui fit un jour sa grande fredaine de Locke, mais qui s’en est repentie quand elle fut sur l’âge, plus morale en cela qu’une de ses amies, la grand’mère de Béranger.
Eh bien ! cette philosophie est-elle irrémédiablement finie ? Doit-elle définitivement céder la place, l’influence et l’empire au catholicisme, qui nous ramènera au moyen âge, ou au panthéisme, qui nous amènera un âge comme l’histoire n’en a pas encore vu ? car la question se débat, selon M. Saisset, entre ces deux alternatives. « Il n’y a que deux espèces de penseurs conséquents » (dit textuellement M. Saisset à la page xxv de son introduction) : « ceux qui nient la raison, la science et le progrès et veulent le retour de la théocratie du moyen âge, et ceux qui veulent une reconstitution radicale de la société et de la vie humaine. » Pour lesquels nous prononcerons-nous ?…
Après ces paroles et la question ainsi posée, qui ne croirait que M. Saisset a choisi ? Qui ne croirait qu’il est un de ces radicaux courageux, un de ces panthéistes qui semblent les progressistes réels en philosophie, puisqu’ils sont les derniers venus ? et cependant, non, il ne l’est pas ! Loin de choisir, il se dérobe. Bien loin d’être une déclaration de panthéisme, le livre de M. Saisset est au contraire une discussion en forme contre le panthéisme et une doctrine élevée à côté pour échapper aux conclusions envahissantes de ce fléau qui s’étend toujours ! Entre les théocrates du moyen âge et les terribles séculiers de l’avenir, qui a donc pu retenir M. Saisset et lui faire tracer une tangente