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et grossière, l’éminent inventeur n’a trouvé rien de plus puissant que de ramasser dans la poussière des rêves de l’humanité les plus rongés par les siècles et les plus transparents de folie le système ruminé par l’Inde, — cette vache de la philosophie, — d’une métempsychose progressive, qui met l’homme aux galères à perpétuité de la métamorphose et son immortalité en hachis !

Au moins, pour expliquer de cette façon le problème surnaturel de l’homme et de sa destinée, pour revenir en plein dix-neuvième siècle, — après les travaux philosophiques de Hegel et de Schelling, — à ce risible système de la métempsychose, digne tout au plus d’inspirer une chanson au marquis de Boufflers ou à Béranger qui l’a faite, fallait-il se sentir une force d’induction et de déduction irrésistibles ; fallait-il que la grandeur des facultés philosophiques sauvât la misère du point de vue que l’on ne craignait pas de relever. Et c’est ici qu’après la question du point de vue, général et dominateur, qui emporte l’honneur d’un livre en philosophie, devait se poser la question du talent et de ses ressources, qui couvre l’amour-propre de l’auteur. Eh bien ! nous le disons en toute vérité, et sans vouloir y faire de blessures, l’amour-propre de M. Jean Reynaud ne sera pas couvert. Une fois le fond du livre écarté, les qualités qui resteront pour le défendre n’imposeront point par leur éclat aux véritables connaisseurs. Et nous ne parlons pas encore ici de la forme la plus extérieure de ce livre, de sa conformation littéraire ! Nous restons métaphysicien. En métaphysique, il sera très facilement constaté, par tous ceux qui ont l’habitude ou l’amour de ce genre de