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les terrains, — en médecine comme ailleurs, — l’Histoire doit faire taire la Philosophie et tient en réserve des réponses et des solutions toutes prêtes, quand la Philosophie n’en a plus.

Et qu’on n’infère pas de ces paroles que M. le docteur Tessier est impropre à ce qu’on appelle les choses de la Philosophie et qu’il a pour elle ce dédain qui est l’hypocrisie de l’impuissance. On se tromperait assurément. M. Tessier est, au contraire, une intelligence philosophique. C’est un métaphysicien d’un ordre élevé. Le livre dont nous parlons en fait foi. I1 aime et il invoque la métaphysique. I1 la trouve dans l’esprit humain et il ne veut point qu’on l’en arrache. Il en maintient la nécessité. Il en reconnaît la grandeur, quand la plupart des médecins modernes, métaphysiciens pourtant, mais malgré eux, et aveugles, l’insultent et la repoussent, comme un piège, plein de trahison, que l’esprit humain se tend à lui-même. Seulement, tout métaphysicien qu’il puisse être, l’auteur des Études de médecine générale est encore plus traditionaliste que philosophe, et il laisse à sa vraie place la métaphysique dans la hiérarchie de nos facultés et de nos connaissances, en homme qui sait que, sans l’histoire, les plus grands génies philosophiques n’auraient jamais eu sur les premiers principes que quelques sublimes soupçons… M. le docteur Tessier, qui croit à la science médicale, qui la défend contre les invasions sans cesse croissantes de la physique, de la chimie et d’une physiologie usurpatrice, donne pour chevet à ses idées le récit Moïsiaque, dont tout doit partir pour tout expliquer, et l’enseignement théologique et dogmatique de l’Église. En plein dix-neuvième