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de l’Opinion sur tous les rails ; mais qu’importe ! nous renverrons ceux qui croient à leurs paroles légères au livre de M. Saint-Bonnet. A qui suivra comme nous ce grand mineur, ce grand stratégiste, qui creuse si bien le dessous des questions qu’il veut résoudre, il ne restera nulle incertitude pour les plus inquiets. Toute anxiété sera dissipée ! La question qui a dernièrement scandalisé MM. les dandies littéraires, cette fine fleur d’humanistes à gants blancs de cette époque de Doctrinaires en toutes choses, lesquels prétendent savoir le latin et ne vouloir l’étudier que dans les sources les plus pures, cette question, qui n’est pas seulement une question de pédagogue, mais une question d’âme, sera plus que résolue : elle sera épuisée. M. Saint-Bonnet l’a retournée dans tous les sens. Il en a sondé toutes les faces. Naturalisme d’abord, scepticisme ensuite, toutes les influences qui sortent, pour l’enfant, des premières impressions littéraires, des premières ivresses de son imagination ravie, M. Saint-Bonnet les a étudiées, les a poursuivies, dans les mille canaux de l’âme et de la vie, comme un grand médecin qui poursuivrait dans les réseaux des veines et au plus secret de nos organes le virus mystérieux de quelque horrible maladie. Oui, cet observateur si fort sur la nature morale de l’homme, sur tout ce qui la trouble et l’altère, nous fait l’effet d’un grand médecin. Là ou les autres voient la santé ou une hygiène sans inconvénient et sans péril, le grand médecin voit le mal, l’empoisonnement et la mort. Du reste, le remède proposé par notre pathologiste intellectuel est bien simple. Il demande que les premières émotions, que les premières admirations de l’