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et des idées de Buffon, l’histoire des Manuscrits n’est qu’un dernier mot que M. Flourens, après tout ce qu’il avait dit déjà, pouvait ne pas dire, sans faire préjudice à l’homme de son culte, mais qu’il a dit, parce que l’amour infini a soif de lumière infinie. Buffon, on le savait, avait des collaborateurs, et ce n’était là ni une infirmité ni une pauvreté de son génie, mais, au contraire, une puissance de plus. Ce furent l’abbé Bexon, Gueneau de Montbéliard, Daubenton, ses lieutenants en histoire naturelle, auxquels il découpait le monde pour leur en donner à chacun une province à lui décrire et à lui rapporter. Eh bien ! ces collaborateurs ont un peu troublé les scrupules religieux de M. Flourens. Il ne s’est pas assez rappelé le sort de ces collaborateurs de Mirabeau, qu’on reprocha aussi à son génie… qui les a parfaitement dévorés ! L’Histoire des Manuscrits a été commise en vue d’apaiser cette pieuse et même superstitieuse terreur. M. Flourens a voulu montrer, par ces manuscrits dont il nous cite beaucoup de passages, à quel point l’esprit attentif de Buffon s’imprimait encore en corrections, sur les pages qu’il n’avait pas tracées ; mais réellement, pour nous, peu importe !

Outre qu’en bonne justice, ces corrections sont insignifiantes, elles ne le seraient pas qu’elles n’ajouraient rien au respect qu’on doit à Buffon, qui, après avoir pris la part du lion dans cette histoire naturelle dont il a eu la grande pensée, créa, avec l’histoire, des naturalistes pour l’écrire, à côté de lui. Et ne sera-t-il pas d’ailleurs toujours plus beau d’inspirer les hommes comme la Muse que de les corriger ou de leur dicter, comme un professeur ? Seulement, dans ce volume