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CHAPITRE II

Mme LE NORMAND[1]




I


Après Mme de Staël, son historienne ! L’auteur de Coppet et Weymar est la même personne qui publiait, il y a trois ans, une correspondance de Mme Récamier, dont nous n’avons point à parler ici, et cette personne, on la connaît, malgré sa voilette. C’est le secret de la comédie. Tout le monde la nomme, c’est Mme Le Normand, la nièce de Mme Récamier. Quand on a le bonheur d’avoir une pareille tante, on en jouit d’abord, et puis on s’en sert. Cela devient une fortune. Quand Mme Le Normand publia les Souvenirs de Madame Récamier, nous nous jetâmes tous, comme des enragés, sur son livre, attirés que nous étions par la touffe de fleurs de ce nom ! Malheureusement, surprise qui manqua de charmes ! au lieu de la tante que nous cherchions, nous ne trouvâmes que la nièce. La correspondance de la délicieuse femme qui s’était fait pendant trente ans adorer vertueusement de toute l’Europe, ne consistait qu’en quelques billets du matin que n’importe qui était capable d’écrire, et on put se plaindre, pour la mémoire d’un être charmant qui devait rester comme un idéal

  1. Madame de Staël et la Grande-Duchesse Louise. — Par l’auteur des Souvenirs de Madame Récamier. — Chez Lévy.