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CHAPITRE XXI

Mme ANDRÉ LÉO[1]




I


C’est un nom, fait avec les deux noms de ses enfants. Gracieuse idée de mère qui a épuisé dans ce mot toute sa grâce ; car, d’elle-même, Mme André Léo est peu gracieuse. Un tel pseudonyme laisse si bien rayonner la femme, que quand il commença de poindre, il y a quelques années, dans la littérature, on ne dit point « André Léo » ainsi qu’on avait dit, tout d’abord et longtemps, masculinement, et sans se gêner, « George Sand. » On dit Mme André Léo, et presque avec respect.

C’est qu’elle est plus femme que Mme Sand, Mme André Léo ; c’est qu’elle a davantage la caractéristique de la femme, la préoccupation maternelle. Je ne la connais pas personnellement ; et, d’ailleurs, on peut douter de tout, quand on pense que Mme de Sévigné n’aimait sa fille que dans l’absence et qu’elle n’était rien de plus qu’une grande artiste en sentiment maternel… Grande artiste, Mme André Léo ne l’est d’aucune manière ; mais elle n’en a pas moins l’accent maternel, bien plus que Mme Sand, qui a un autre accent moins pur… Mme André Léo, qui a failli (j’en ai vu l’heure) détrôner Mme Sand

  1. Les filles de M. Plichon. — Attendre et espérer. — Le Divorce. — L’Idéal au village. — Le Mariage scandaleux, etc., etc.