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CHAPITRE VII

Mme DE GASPARIN[1]




I


Voici un livre mystérieux. Son titre se comprend à peine et il n’est signé d’aucun nom. La Critique littéraire, cette distraite trop souvent ou plutôt cette préoccupée, en avait dit, quand il parut, un mot en passant comme d’une jolie chose qui l’avait touchée, cette princesse ! Puis elle se tut pour reprendre avec son importance et son essoufflement ordinaires, l’examen de l’actrice en voyage et du vaudeville en vogue, la grande affaire pour le public français ! Nonobstant, le livre laissé là, qui est à peine une œuvre, se trouve être un chef-d’œuvre, de par une puissance bien plus rare encore que le talent. C’est un livre d’âme. Il ne fit d’abord aucun bruit et il méritait d’en faire un grand. Il fait mieux, du reste. Il fait au cœur et à l’esprit, — plus au cœur qu’à l’esprit encore, — une impression profonde qui y reste et qu’on y retrouvera, quand les livres à tapage seront oubliés. Il s’ancre en nous, et son charme est tel, à ce livre, que la Critique, cette vieille tête froide, presque enivrée, car l’attendrissement a ses ivresses, se met de la glace autour des tempes, pour convenablement en parler.

  1. Les Horizons prochains (Sans nom d’auteur). — Les Horizons célestes. — Chez Lévy.