Page:Barbey d’Aurevilly - Le Cachet d’onyx, Léa, 1921.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moments dans l’amante, de paraître bien belle et de faire revivre l’admiration qu’on lui prodiguait naguère encore quand, dans un bal, à une fête, elle se montrait sous un costume seyant à la noblesse de son maintien et à l’étrange éclat de ses traits. C’est pourquoi elle prit sa douce voix, son doux sourire, son doux regard pour le mari qu’elle exécrait ; elle lui dit de ces mots de tendresse qui dans sa bouche étaient d’effroyables mensonges, l’adultère ! Et toute cette dissimulation fut employée pour obtenir le don d’une magnifique parure de rubis pour le bal de la duchesse de ***. Cette parure coûtait une somme folle ; son mari séduit la donna. Quel moyen de résister à ce démon vivant dans la femme quand elle est là devant vous, presque à genoux, presque à votre cou, presque la bouche sur la vôtre. Si on avait le ciel, on le donnerait !

Le matin du jour où elle devait mettre sa parure le soir, elle l’essayait devant sa psyché. Les rubis flambaient sur sa tête, à son cou, à ses bras, et contrastaient avec la nuance plus mate de sa robe cramoisie. Son œil était sur la glace ; sa pensée à ce soir et à Dorsay. Le cœur lui battait de cette joie d’être belle, de cette joie qui est une ivresse et que nous ne comprenons pas. Dorsay entra tout à coup.