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qui semblaient faites de lumière, il y avait là assez pour l’amour de cent poètes et le bonheur de tout un enfer !

Hortense aima Dorsay. Femme avant tout, avant d’être un cœur élevé et un esprit supérieur, elle s’encapriça d’un beau visage. Elle eut de l’amour pour Dorsay comme en durent avoir les filles des hommes pour les anges, quand les anges s’imaginèrent qu’il y avait plus de paradis dans l’adultère que dans les cieux. Elle en eut que ce fut une honte ! Qu’aurait-elle donné de plus à un homme de génie ? Mais c’est que le génie n’est pour une femme, même la plus distinguée, rien, hélas ! en comparaison d’une lèvre rose et d’une flamme de santé dans les yeux.

Oh ! ne faites pas vos jolis yeux méchants, Maria ! Qu’il y ait dans la beauté physique un élément inaperçu par nous, hommes barbus, et qui ébranle plus profondément votre être sensible ; que ce soit un côté plus intelligent ou plus infirme de votre nature, je ne sais : mais il en est ainsi. Vous-même comme les autres, Maria, vous n’aimerez d’amour qu’un beau jeune homme, et quand plus tard vous comprendrez que tant de beauté pouvait cacher tant d’ineptie, pauvre rossignol, fasciné du regard du reptile, vous reprendrez votre