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lui causa M. de Maulévrier fut dans le même sens que la première. Comme l’on dit dans le monde, avec une élégance positive et un peu abstraite, elle le trouva bien ; toutes les plus passionnées admirations venant expirer à ce mot suprême, les colonnes d’Hercule de l’éloge dans l’appréciation des gens bien appris.

Quant à elle, il était évident qu’elle était moins belle aux yeux de M. de Maulévrier, vêtue de gris comme elle l’était alors et avec un bonnet, — charmant pour qui n’eût été que jolie, — que la veille, les cheveux plaqués aux tempes, l’émeraude flamboyante au front, et ses larges flancs respirant puissamment dans la peau de bête fauve qui doublait sa mante écarlate. Il y avait entre cette espèce de panthère étalée dans la cage d’une loge au Théâtre-Italien et la Parisienne sédentaire, assise près du foyer, sur sa causeuse, une différence immense, infranchissable, — celle du rose pâle de ses gorgères.

Mais quelles que fussent leurs impressions à tous les deux, ils ne s’en cachèrent pas plus qu’ils ne s’en communiquèrent le secret. Ils ne pouvaient encore se mentir l’un à l’autre, privilège d’une connaissance plus étroite et d’une intimité plus grande. Seulement, ils mentirent à Mme d’Anglure en lui écrivant leur opinion l’un sur l’autre, M. de Maulévrier dans la soirée de cette première entrevue, et