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VI

L’IMPÉNITENCE FINALE


C inq jours après cette scène, Mme d’Anglure était à l’agonie. Les vomissements de sang étaient revenus avec une énergie effrayante. Le médecin ne conservait nul espoir. M. de Maulévrier, qui se trouvait, grâce à ses aveux, dans une position vraie vis-à-vis de Caroline, n’eut point de résistance à vaincre en lui-même pour soigner cette pauvre mourante qui l’avait si éperdument aimé, et pour entourer ses derniers moments des formes de ce dévouement extérieur qui, après l’amour, fait illusion encore aux cœurs tendres. Il resta, autant qu’il le put, auprès du lit de la comtesse. Il n’avait plus à feindre un sentiment qui le gênait. Au contraire, il pouvait être franc dans l’expression de celui qu’il éprouvait, car il en éprouvait un alors : il s’attendrissait sur