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IV

LE FOND DE L’ABÎME


Une fois bien ancré dans sa résolution, M. de Maulévrier comprit la nécessité de modifier sa vie extérieure. Il ne passa plus ses journées chez Mme de Gesvres, et, quand il y alla, il choisit toujours le moment où elle n’était pas seule, le soir, par exemple, cette heure à laquelle elle recevait ceux qui préféraient à l’éclat des fêtes dont elle s’était retirée la libre causerie d’une femme d’esprit. Alors, il la trouvait flanquée de ses cavaliers servants, qui servaient sans gages et qu’elle savait fixer en ne cherchant pas à les retenir, de ses adorateurs fidèles qui, depuis des siècles, s’en venaient chaque soir contempler cette femme mobile comme Nina contemplait la mer inconstante, et qui s’en retournaient, disant peut-être inutile-