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qui, peut-être, sentit alors la griffe d’abord si bien cachée, et elle sortit avec un air d’aiglonne qui remporte sa proie à son nid.

— Comme elle l’aime et comme elle est changée ! — fit la marquise de Gesvres restée seule ; et, disant cela, comme elle était debout, son œil se porta sur la glace où elle se vit, elle, toujours belle, ne changeant pas, astre magnifique, éternel, immuable.

On change, — ajouta-t-elle avec une tristesse amère qui vengeait bien ceux qui l’avaient vainement aimée ; — on change parce qu’on aime et qu’on souffre, mais du moins on ne s’ennuie pas !

Et elle se mit, tout en bâillant, à sonner Laurette pour venir la déshabiller.