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112 FEMMES ET MORALISTES le nombre est infiniment plus grand qu’on ne croit des ouvrages épuisés, très dignes pourtant d’avoir leur place au soleil des bibliothèques, et dont les Allemands, par exemple, s’ils les avaient dans leur littérature, n’auraient pas manqué de faire des éditions de toute espèce. Il est vrai que les Allemands sont des Alle- mands,— un peuple de rêveurs, — tandis que nous som- mes des hommes d’affaires. /*rtr suite donc d’affaires, comme dit le vieux Turnpenny dans Walter Scott, nos réimpressions n’ont été jusqu’à ce jour que des réim- pressions purement ou impurement mercantiles, s’a- dressant à l’esprit de parti et aux passions les moins liltéraires du public. Pendant des années (et combien d’années, bon Dieu !), on n’a guères réédité que Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Mirabeau l’orateur, et tous les sophistes du xviii*’ siècle, parce que nous étions devant ce siècle-là et ses petits grands hommes dans la position d’Alberoni devant le duc de Ven- dôme. Aujourd’hui, un mouvement se produit, faible encore, il est vrai, mais qu’on serait heureux de voir s’animer, et ce mouvement semble se manifester en dehors de toute espèce de préoccupation qui ne serait pas l’intérêt et la curiosité littéraires. C’est là un progrès auquel il faut prendre garde, et que la Cri- tique, pour que la Spéculation n’en abuse pas, doit attentivement surveiller. Commençons par rendre justice à tout le monde. La maison Jannet s’est surtout distinguée dans ce pro-

Chiara collomb la petite princesse