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cieux fragment échappé à la fureur d’hommes grossiers. Guéris-toi de cette passion qui n’est pas même profonde, et tu deviendras ma sœur. Le veux-tu ?… »

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Le temps marchait cependant. L’automne venait. La vie, qui, pour Somegod, n’était que le mouvement général du monde répercuté fortement en lui avec tous les tableaux qu’il entraînait, la vie, pour lui, était variée. Le côté humain des amants et des poètes, les pieds d’argile de la statue d’or, c’est l’ennui, l’ennui qui n’achève pas et se détourne, dédain stérilement avorté. Mais Somegod, n’avait pas cette grande inégalité dans sa nature, coulée d’un seul jet des mains de Dieu ! Second terme d’une proportion divine dont la Création était le premier, il était passif quoique agité dans son génie. Les choses devaient lui imposer éternellement l’extase, ou Dieu aurait brisé le monde avant lui.

Mais pour les deux hôtes de Somegod, la vie devait être plus uniforme, plus immobile. Ils n’avaient pas le poème de la Création à chanter