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ce génie des contes arabes qui, de géant, se rapetissait jusqu’à entrer dans une petite urne, cette étroite demeure dans laquelle l’homme ne saurait tenir qu’en poussière. Amaïdée jouissait de cette nouveauté de spectacle et d’impressions en âme mobile et avide. Oh ! pauvres âmes blasées que nous sommes, la nouveauté est-elle une si grande charmeresse ? si c’est moins l’ondoyance de la Nature humaine que son épuisement si rapide qui nous fait y trouver tant de charmes qu’elle est comme une jeunesse dans cette vie… Sol rude et dépouillé, route parcourue et dont on a compté les pierres en posant ses pieds d’aujourd’hui dans la trace de ses pas d’hier.

Altaï la laissait s’ébattre aux négligences de cette vie sauvage et libre. Il semblait se fier au dictame de l’air vif et pur qui circulait autour d’eux pour guérir cette âme blessée, et pour lui donner la force de se laver de ses souillures en l’élevant vers Dieu par la pratique de la vertu. Comme les convalescents, à qui l’on prescrit des exercices tempérés, le grand air, le rayon de soleil qui, réchauffe, on pourrait prescrire aux âmes malades la mer, le ciel, les fleurs, les bois !