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les bonnes et anciennes traditions de la typographie ; et quand, au lieu de ce vieux archiviste des malpropretés du XVIIe siècle, il nous donnera quelque beau livre tombé en oubliance, comme, par exemple, la magnifique Histoire de Louis XI du grand Mathieu, ce chef-d’œuvre qui fait chrysalide pour la gloire dans la poussière des bibliothèques, d’où il faudrait le faire sortir, nous applaudirons de toute la force de notre plume. Malheureusement, comme la plupart des libraires, hélas ! Techener n’a pas le sens intime de la valeur littéraire des livres qu’il édite. Mais, s’il ne l’a pas, Paris ne devrait-il pas l’avoir, lui ?… Paulin Paris n’est pas qu’un savant. Il ne verse pas seulement de l’encre sympathique sur des manuscrits indéchiffrables. Il ne frotte pas uniquement le nez des vieilles médailles avec sa manche. C’est un écrivain élégant, pur et coloré, qui, par parenthèse, nous a donné la meilleure traduction qu’il y ait de lord Byron dans notre langue, et qui, si nous en jugeons par sa manière d’écrire, a le sens très développé des choses littéraires. Eh bien, comment donc se fait-il que Paulin Paris ait laissé sa sagacité esthétique se prendre dans cette toile d’araignée qui a ramassé au passage tous les scandales bourdonnants et les mauvais propos d’un siècle ? Comment se fait-il qu’il nous déclare sérieusement que l’obscur Tallemant des Réaux fut un des meilleurs littérateurs de son époque, et que son livre, à cela près de quelques crudités de langage,