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grandiose et pur d’avoir été posthume, confisqués par l’État et traités comme de vieilles momies égyptiennes, dormaient d’un sommeil qu’on pouvait croire éternel, sous leurs tristes pyramides de cartons incommunicables, au ministère des affaires étrangères, qu’on avait bien le droit d’appeler, à ce propos, des affaires étranges ! Oui ! franchement, il fallait qu’on sût cela. Pour mon compte, je trouve d’un excellent exemple que Drumont ait dit la chose, — qu’il l’ait dite toute, — qu’il l’ait défilée de point en point dans tous ses amusants, grotesques et pourtant lamentables détails ! Peut-être seulement a-t-il trop fait une gaîté de cette pitoyable histoire du Fonctionnarisme français, toujours bête, important et despote ; car c’est là une tristesse et une honte pour un pays qui a la prétention de l’indépendance… Tel le reproche, le seul reproche que j’aie à risquer avec Edouard Drumont. Il s’est servi de la cravache d’un homme d’esprit, — et pas par le gros bout encore ! — et il en a élégamment caressé les museaux auxquels il avait affaire, mais ces museaux ne sont pas assez fins pour sentir l’impertinence de cette caresse, et, puisqu’on les renvoyait au chenil, ces affreux et hargneux doguins, ces Laridons administratifs, c’est avec un fouet de valet de chiens qu’il eût fallu les y ramener !