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Cortès s’étaient liés d’une intime et profonde amitié. L’un, alors, faisait à Madrid ce que l’autre faisait à Berlin et plus tard à Paris. S’ils ne se ressemblaient pas par la célébrité, ils se ressemblaient par les idées. Aussi est-ce sous la lumière attirante de ce nom de Donoso Cortès qu’on a placé avec intelligence le nom moins lumineux de Raczynski, pour qu’il pût bénéficier de cette lumière et qu’on vit mieux qu’il était digne de la partager.

C’étaient assurément, l’un et l’autre, des hommes de religion et de monarchie, comme il en faudrait beaucoup aux princes, et jamais, il faut le reconnaître, l’amitié qui les unit ne prit sa source dans des natures plus profondément nobles et qui réfléchissent mieux en elles toutes les qualités accumulées de leur race. C’est cette amitié de Raczynski, de ce petit-fils de tant de Starostes et de Castellans, pour l’homme qui pouvait dédaigner son titre de marquis de Valdegamas, parce que son nom était Cortès, c’est cette amitié qui fait le prix et l’intérêt de ce volume, intitulé : Deux Diplomates[1], mais ce n’est, certes ! pas la diplomatie. Leur diplomatie, à eux, a ressemblé à toutes les autres diplomaties, pour la plupart stériles et vaines. Si elles sont faites « pour voir et pour prévoir », — comme le dit avec assez peu d’originalité le comte Adhémar d’Antioche, dans son introduction en l’honneur de la

  1. Plon.