Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incriminé, ainsi accusé, et dans son histoire, et dans ses mœurs, et dans son esprit, et dans tout son être, eussent pénétré partout où l’accusation a enfoncé son atteinte, et qu’ils nous l’eussent montré non seulement dans son histoire politique, mais qu’ils fussent descendus au fond des mœurs pour les laver et qu’ils eussent tâté de leurs savantes mains ce crâne arrondi de la race jaune, rasé par les conquérants tartares, pour nous dire au juste ce que, dans cette boîte osseuse, si déformée par la corruption et par l’esclavage. Dieu, à l’origine, avait déposé de cerveau ? Est-ce donc là ce qu’ont fait Bazin et Pauthier ?… Comme histoire politique, ils nous racontent, sans pénétrer le sens des événements, des batailles, — et quelles batailles encore ! — suivies de changements de dynasties, qui sont, en Chine, l’événement le plus ordinaire, et l’on dirait presque le plus habituel. Dernièrement les journaux européens ont parlé de la révolution qui était à la veille d’éclater dans ce pays, et de la guerre civile qui le déchirait. Mais un pareil fait n’était nouveau et grave que pour l’imagination européenne, qui a la candeur de son ignorance… et la fatuité de nos mœurs, que nous voulons retrouver partout. Il n’y avait point à s’étonner. La Chine, qu’on nous peint, sur son plateau, dans l’immobile position d’un stylite, la Chine, cette nation au piquet sur le globe, mais qui est fort turbulente dans le rayon tracé par la longueur de sa corde, a eu une trentaine de