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son égard. Ils estimèrent plus ses facultés que les résultats qu’il obtint, en les employant. Les gouvernements et les hommes ont ordinairement de plus lâches coutumes. Mazarin disait cyniquement qu’il voulait, pour s’en servir, qu’un homme fût heureux. Napoléon reprochait brutalement à Marmont de ne pas l’être. Mais Louis XIV et Mazarin (pour la première fois infidèle à son idée !) oublièrent d’appliquer à Lionne cette féroce théorie du bonheur, exigé par les hommes politiques qui croient en cacher l’égoïsme monstrueux sous le poétique mensonge de cette étoile qu’ils disent avoir, et qu’ils veulent qu’on ait !

III

Eh bien, ces facultés de Lionne, auxquelles Louis XIV et Mazarin se fièrent toujours, j’aurais voulu en voir le jeu. Pour un historien, il y avait à les montrer en exercice. Mais pour cela, je l’ai dit, il fallait avoir de la vie dans la plume, et si Valfrey n’a que de l’encre bureaucratique dans la sienne quand il s’agit de la biographie de Lionne, ce n’est pas dans le récit des négociations et le hachis des correspondances qu’il pourra prouver qu’il est vivant. Historien momie d’une histoire momie ! Sa manière de concevoir et d’écrire l’histoire diplomatique est d’une simplicité par trop