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qui compromet de plus en plus maintenant cette institution byzantine de gouvernement parlementaire qui livre aux partis, avec une générosité si bête, tout son pouvoir à dévorer !

En effet, ceci est un fait d’opinion. Il ne s’agit ici ni d’utopie, ni de doctrine, ni de préférence. Il s’agit d’un fait. Personne ne peut nier à présent que le gouvernement parlementaire, ce fils chéri de la Révolution, sur lequel elle avait mis et met encore ses espérances, ne soit pour l’heure terriblement compromis, même au regard de ceux qui se sont d’abord le plus croisés pour la forme de ce gouvernement. Thureau-Dangin nous a tracé l’histoire du parti royaliste, selon lui si couvert de péchés ; mais que dirait-il si on lui ripostait par l’histoire du gouvernement parlementaire, — de ce gouvernement impeccable, mais qui n’a pas besoin de faire des fautes pour être impuissant ? Il l’est en soi… Depuis cinquante ans, il est à l’ouvrage ; qu’a-t-il fait ? Prenez-le, de Montesquieu qui en fut le précurseur, et de Louis XVIII qui en fut le parrain et lui donna possession d’état par sa Charte, jusqu’à ce misérable moment où, mutilé dans son organisation même, éclopé par la République, il va, si on n’y remédie (et on a senti la nécessité d’y remédier !), mourir éventré par cette brute de suffrage universel, et vous verrez ce qu’il a fondé, ce qu’il a sauvé, ce qu’il a défendu ! Louis XVIII, condamné au règne d’un moment par sa vieillesse et voulant à tout prix ce