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Philippe à son étude historique, car le règne de Louis-Philippe vit les royalistes et Berryer entrer dans une coalition où figurèrent aussi Guizot, le royaliste de 1815, et Thiers, le complice plus tard de Barodet ; l’auteur de Royalistes et Républicains, homme de juste milieu, comme on l’était sous Louis-Philippe, eût été probablement un ventru de ce temps, et il voit comme un ventru. Un ventre ne voit pas… Il est si bien ce que je dis, que dans son étude sur la Restauration, quand il parle de la célèbre réunion Piet, il rapporte avec un accent très scandalisé les moqueries de Chateaubriand. C’est qu’il croit à l’action de cette réunion, comme il doit croire à l’action politique de tout groupe parlementaire. Chateaubriand, qui ne fut jamais qu’un ultra… pour lui-même, ne croyait, lui, pour les autres, qu’à son mépris. Thureau-Dangin est d’un juste milieu assez impérissable pour avoir la fraîcheur du temps où l’on parlait de fonder des libertés publiques. Il chevauche encore cette chimère qui, après avoir été éreintée sous tant de casse-cous, ressemble diablement au cheval pâle de la Mort de l’Apocalypse. On peut tenir aisément là-dessus sans être un bien grand cavalier et s’y cramponner, comme l’ânier au cou du baudet de la fable, quand le sel se fut fondu… Il croit, au moment où nous enfonçons, qu’un gouvernement monarchique, mais parlementaire, nous sauverait. Ce modéré, qui, en voyant l’impuissance fatale des modérés en face des partis extrêmes, ne se de-