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l’Église. La question des investitures, l’invasion des empereurs, ne furent que des questions d’État et de pouvoir politique. Mais le célibat des prêtres, c’était, à ce moment, toute la discipline chrétienne et la morale même dans sa source. » Certes ! pour un esprit qui n’est encore que politique, il n’était pas possible d’aller plus loin, de notre côté !

Et tel est, du reste, à toute page, le caractère de cette histoire, où l’historien, qui, nous l’avons dit, n’est pas catholique de foi, est catholique de vue à force d’avoir la tête politique ! Je voudrais, si j’avais plus d’espace, mettre en saillie par des citations ce caractère de son livre, qui doit avoir une action sur tout le monde et peut-être sur lui-même, car on ne s’approche pas si près de la Vérité sans tomber un jour dans ses bras ! Je me contenterai des paroles par lesquelles il termine son jugement sur l’ensemble de la vie du pontife, et où la plume de l’historien a été constamment digne de son sujet : « Cet homme — dit-il en finissant — ne savait inspirer que des sentiments excessifs, la haine la plus violente ou le plus absolu dévouement. Lui-même ne ressentait rien à demi. Sa joie, sa douleur également, sont immenses. Il n’a jamais assez de fortes paroles pour les exprimer.

Un historien protestant de Grégoire VII établit un parallèle entre Luther et lui. Ces deux grands réformateurs, qui procèdent au rebours l’un de l’autre,