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classés parce qu’on leur a noué à la tête la plate cocarde d’une étiquette ?…

Ainsi, désappointement, déception, chute sans matelas du haut… de la tour de Porcelaine, telle a été notre désagréable impression en lisant ces deux énormes volumes, ramassés partout, excepté en Chine, excepté là où il eût fallu chercher. Hélas ! avec cette érudition de troisième main qu’on nous donne pour de l’érudition de première, la Chine restera donc ce qu’elle a été jusqu’ici : une espèce de rêve, entrecoupé de réalités étonnantes pour les penseurs et pour les poètes, et, pour les curieux, les historiens et les observateurs, une espèce de mystification colossale en permanence dans l’Histoire… Olla podrida morale de toutes choses, depuis la piété filiale jusqu’à l’infanticide, attendant toujours, mais vainement encore, pour cette fois, son chimiste et son analyse, la Chine va continuer d’être la pierre de scandale dans Israël, le sujet pris, quitté et repris, des vaines disputes de nos sagesses. On dira d’elle ce qu’on en a dit toujours : les choses les plus exclusives et les plus contraires, et ce sera peut-être aussi faux ou peut-être aussi vrai que par le passé, car, qui sait ? si le scepticisme historique n’existe pas dans notre Europe, la Chine l’aurait pondu tout exprès pour nous au bord de son Fleuve Jaune ou de son Fleuve Bleu. Nul pays n’eut jamais une renommée plus équivoque, plus d’admirateurs et plus d’ennemis. Si aucun n’a été plus vanté,