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pérons, de son XVIIIe siècle, — si, dans son livre, il n’y a pas de conclusion vigoureuse contre l’immoralité de Henri IV, tout à la fois si superficielle et si profonde, contre cette immoralité qui fut sa plus grande faute, même politique, car ce fut sa faute à poste fixe, sa faute perpétuelle, nous avons les prémisses terribles qui feront conclure désormais aux esprits fermes ce que Capefigue ne conclut pas. Oui ! on conclura, après l’avoir lu, contre le Henri IV de Capefigue. Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français.

Malgré la splendeur d’une bravoure qui a dans l’Histoire sa magie, il faut cependant plus que cette beauté de bravoure si partagée en France pour y sacrer grand homme et grand roi, de pied en cap, un homme brave qui ne serait que cela. Tout grand commandement ne s’encadre bien que dans du génie.

Comme roi, Henri IV, pour toute initiative, reprit cette triste politique de Catherine de Médicis, qui consistait à réunir le parti catholique et le parti huguenot dans un centre commun et en s’éloignant des extrêmes, politique chétive, que les races et les générations se passent de la main à la main depuis des siècles, qu’on appelle fusion, conciliation, transaction, bascule, équilibre, tous mots vains ! et que les