et dans un temps surtout où, comme dans le nôtre, la Spécialité est en train d’assassiner, avec un si grand succès, la littérature !
Ce n’est pas uniquement, du reste, par la manière et le talent de l’expression qu’Amédée Renée diffère de ce Sismondi auquel il a succédé bien plus qu’il ne le continue. Il en diffère encore par des côtés moins saillants, moins extérieurs, et même quand il paraît le plus lui ressembler, car quelquefois il lui ressemble ! S’ils ont entre eux le contraste marqué de l’exposition et du style, Sismondi et son libre continuateur ont pourtant, par ailleurs, plus d’une analogie. Ils ont la conscience de l’histoire et sa gravité, le soin vigilant des faits et du détail, et cette raison moderne et libérale, cet esprit du temps qui voit peut-être avec trop de confiance et de sérénité les problèmes sociaux auxquels est suspendu l’avenir. Seulement, s’ils sont également cela tous les deux, Renée, qui n’est pas protestant comme Sismondi, et qui est plus que lui dégagé des influences du xviiie siècle, quoiqu’il ne se soit pas essuyé de toutes, Renée, par cela seul qu’il n’a pas la prétention philosophique de son devancier, a un sens pratique et politique supérieur. L’histoire, pour lui, est, avant tout, personnelle. Pour l’expliquer, il ne va pas chercher le midi à quatorze heures d’une métaphysique quelconque. Positif, quoique pittoresque, il croit qu’en peignant bien les hommes l’histoire est faite, et qu’on a dit tout quand on les a bien