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sortie, d’elle-même ! Il y a bien un chapitre spécial, mais vague comme l’est d’ordinaire la pensée de l’auteur, sur la séparation des classes, « qui a causé « toutes les maladies dont l’ancien Régime est mort » ; un autre sur l’irréligion, « la passion dominante du « XVIIIe siècle » ; un autre, enfin, sur les hommes de lettres devenant de fait les hommes politiques du moment. Mais la vue supérieure de l’écrivain n’en est pas moins, dans sa propre estime, la centralisation imputée à l’ancien Régime, cette centralisation que la Révolution n’a pas dépassée, et qui la produisit un jour par le plus inattendu des contre-coups ! Tocqueville nous explique ce phénomène par le choc des différentes classes « qui ne voulurent point se mêler, dans « ces assemblées électives auxquelles, en 1787, on « confia l’administration des provinces, jusque-là « gouvernées par des intendants, expression du pouvoir « central ». Cela conduisit, affirme-t-il, aux conséquences les plus singulières, et il en cite quelques-unes, qui sont fort simples, et qui peuvent se ramener à ceci : qu’on ne s’entendit pas. « La nation — dit-il « alors avec une superficialité inouïe — ne tenant « plus debout dans aucune de ses parties, un dernier « coup put la mettre en branle… et produire le plus « vaste bouleversement et la plus grande confusion « qui ait jamais existé. »

Telle est la thèse de Tocqueville, et, comme on le voit, elle est assez mince. Si merveilleusement admi-