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qu’il revient ! C’est pour cela qu’elle ne peut pas, pendant ce mois-là, rester seule dans sa chambre quand la nuit est tombée. Toute sourde et archisourde qu’elle est, elle y entend très-bien alors des bruits étranges et effrayants. On y soupire dans tous les coins et il n’y a personne ! Les anneaux de cuivre des rideaux grincent sur leurs tringles de fer, comme si on les tirait avec violence… Une fois, je les ai entendus avec elle, et je lui dis toute épeurée, car les cheveux m’en grigeaient sur le front : « C’est bien sûr son âme qui revient vous demander des prières, Aimée ! » Et elle me répondit gravement et moins troublée que je n’étais : « Je fais toujours dire une messe à l’autel des morts, le lendemain des soirs où j’entends cela, Sainte ! » Or, c’était bien vrai que c’était sa messe qu’il voulait, car une fois Aimée, ayant tardé d’un jour à la faire dire comme d’habitude le lendemain des bruits, ils devinrent affreux la nuit suivante ! Les rideaux semblèrent fous sur leurs tringles, et toute la nuit les meubles craquèrent comme des marrons qu’on n’a pas coupés et qui sautent hors du feu !

— Eh bien, reprit mademoiselle de Percy, mécontente d’avoir été pendant si longtemps interrompue, cette Aimée qui croit aux fantômes, mais pas comme vous, Sainte ! — elle