Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de fusil, venaient, de toutes parts, se réunir et se concerter dans ce fidèle château de Touffedelys ! Les chefs de cette arrière-chouannerie, qui eut son dénoûment, hideusement tragique, à la mort de Frotté, massacré dans le fossé de Verneuil, y arrivaient sous toutes sortes de déguisements et, maintes fois, ils s’y abouchèrent avec les derniers survivants de la chouannerie du Maine écrasée. Afin de désorienter le soupçon, le château, qui n’avait plus que deux châtelaines, bien peu inquiétantes, à ce qu’il semblait, pour la République, était le refuge de quelques femmes de la contrée dont les pères, les maris et les frères avaient émigré, et qui n’ayant voulu ou pu les suivre, évitaient, en vivant à la campagne, au milieu des paysans chez lesquels un vieux respect pour leurs familles existait encore, ce qu’elles n’eussent pas évité dans les villes, le gouffre toujours béant des maisons d’arrêt.

Elles y vivaient le plus obscurément qu’elles pouvaient, cherchant à se faire oublier des représentants du peuple en mission, ces épouvantables inquisiteurs, mais cherchant à renouer les mailles du réseau, si souvent brisé, d’une insurrection à laquelle l’ensemble a trop manqué toujours. Ces femmes, dont voici quatre échantillons, monsieur de Fierdrap…

Et des ciseaux qu’elle tenait, mademoiselle