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en question, attendant nos compagnons, et probablement avant eux, Des Touches !

C’était un endroit bien tranquille. Sa hauteur était le résultat d’un mouvement de terrain très-doux, mais très-continu, qui, par conséquent, ne semblait rien pour les pieds une fois qu’on l’avait atteinte, mais qui était beaucoup pour les yeux, quand, en se retournant, on regardait derrière soi la route par laquelle on était venu. La surface de toute cette hauteur était revêtue d’une herbe courte, mais assez verte. Il y paissait chichement deux ou trois brebis. Il n’y avait là ni un arbre ni un arbuste, ni une haie, ni un fossé, ni une butte, ni quoi que ce soit qui pût faire obstacle au vent, qui était roi là, qui jouait là parfaitement à son aise et faisait tourner son moulin avec un mouvement d’une lenteur silencieuse. Rien ne craquait, ni ne grinçait, dans ce moulin, aux vastes ailes, dont les toiles tendues palpitaient parfois, à certains souffles plus forts, comme des voiles de navires ! C’était donc là le Moulin bleu. Pourquoi l’appelait-on bleu ?… Était-ce parce que la porte, les volets, la roue qui fait tourner le toit, et jusqu’à la girouette, tout était de ce bleu qu’on a nommé longtemps bleu de perruquier, par la raison que les perruquiers, depuis saint Louis, dit-on, en badigeonnaient leurs boutiques ?